4ème Forum Social Mondial - Mumbai - du 16 au 21 janvier 2004 | ||||||
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Sécurité économique et sociale face à la mondialisation
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Laura
Tavares économiste de l'Université de Rio de Janeiro : Depuis les attentats du 11 septembre, la pauvreté n'a pas reculé avec la guerre contre le terrorisme. Au Brésil nous avons pu élire Lula mais on nous oblige à suivre toujours la même politique dictée par le FMI. . Les problèmes sociaux sont trop relégués au niveau local, il faudrait garantir des droits pour tous les citoyens mais les fonds internationaux imposent des conditionnalités qui vont à l'encontre des dépenses sociales. Finalement, le pouvoir de garantir le bien être de la population est entre les mains des grandes firmes. Aujourd'hui le pouvoir repose entre les mains d'hommes riches et puissants. La pauvreté est aujourd'hui un problème énorme. La forte croissance du chômage provoque une instabilité mondiale, un accroissement de la pauvreté et le démantèlement des systèmes de sécurité sociale. Avec la globalisation de l'économie, nous marchons vraiment à reculons. De plus en plus, les services de protection sociale sont privatisés et seule une minorité de la population se retrouve protégée. Les critères retenus aujourd'hui pour définir la pauvreté ont tendance à exclure beaucoup de personnes des statistiques. Pour aller à l'encontre de ceux qui même à l'intérieur de la société civile maintiennent le mythe néo-libéral, il faut promouvoir les dépenses publiques devant promouvoir l'emploi. Nous avons besoin de projets publics pour développer la protection sociale. Les finances doivent contribuer à la protection sociale et l'Etat doit rester fort pour maintenir l'instrument public. Face aux constructions politiques ou modèles auquel nous ne croyons pas, il faut s'inscrire dans la résistance. Bénédict Martinez (syndicaliste au Mexique) explique la gravité de la situation dans ce pays avec un chômage qui s'est considérablement accru ces dernières années. Il évoque la situation dramatique où les syndicats doivent lutter contre la suppression des emplois mais doivent consentir des diminutions de salaire atteignant les 50%. Aussi la privatisation des entreprises d'Etat s'intensifie et la sécurité sociale devrait elle aussi être privatisée. Nous luttons aussi pour le droit d'exercice syndical. Les conventions de Organisation International du Travail sont bafouées au Mexique. Une nouvelle pratique se développe pour réprimer les droits des travailleurs : de plus en plus les grèves sont considérés comme illégales et de plus en plus le droit de grève est refusé même lorsqu'il s'agit de lutter contre la fermeture des entreprises. Le gouvernement a décrété une fois qu'une grève était illégale car elle avait commencée une minute en retard. Aujourd'hui les usines de montages sont de plus en plus exportées en Inde ou en Chine. Nous essayons de constituer une union des travailleurs entre plusieurs syndicats mais la solidarité doit s'étendre aux travailleurs du monde entier. Joseph Stiglitz prix Nobel d'économie
ancien économiste en chef de la Banque Mondiale et ancien conseillé auprès de Bill
Clinton : Même si la logique du marché doit avoir aujourd'hui sa place et même si l'économie de marché a jouer un rôle dans le développement des pays de l'Asie du Sud-Est, il faut sortir d'un certain fondamentalisme libéral pour s'attaquer à la réduction de la pauvreté. L'erreur est d'avoir capitulé faces aux recommandations de la Banque Mondiale et de l'Organisation Mondiale du Commerce. Ces organismes ont leur politique dictées par ceux qui veulent tourner la globalisation à leur avantage. Il faut discuter des aspects du commerce, il faut voir les impacts négatifs non seulement pour l'Afrique mais aussi pour les gens les plus pauvres en Europe ou aux USA. Il n'y aura pas de redressement possible si l'on ne revient pas sur les erreurs d'une libéralisation forcée des capitaux et des marchés. un point qui a été trop souvent négligé et celui de garantir la sécurité économique pour les populations. Il faut des garanties tant au niveau de l'emploi que sur le plan social pour que la croissance soit réellement partagée par la population. Les questions de pauvreté et d'insécurité (violence, santé, accès aux droits) ont trop souvent été éludées dans les discussions sur le développement. Le modèle de croissance économique ne doit pas séparer les questions économiques des questions sociales. Il faut voir aussi la corrélation qui existe entre l'accroissement du chômage et celui de la violence et que la libéralisation forcée a été aussi un moteur pour renforcer le sentiment d'insécurité partout à travers le monde. Prabhat Patnaik économiste indien a introduit ses propos en réaffirmant l'importance de l'intervention de l'Etat dans le domaine économique et en dénonçant les réductions d'impôts qui ont été versés aux sociétés. Malgré cela, il ne faut pas croire que les 'Etats se soient mis en retrait par rapport à la mondialisation libérale mais se sont engagés en faveur de certains intérêts privés. Dans un même temps la spéculation du capitale a été favorable à la déflation, à la diminution des dépenses publics, a provoqué une augmentation du chômage et la destruction de la sécurité sociale. En Inde on assiste désormais à une baisse régulière de la production alimentaire, c'est aussi liée à un manque d'investissement de l'Etat dans les campagnes. Cette politique tournée en faveur des multinationales a contribuée à la situation dramatique de remettre en cause la sécurité alimentaire pour les populations. Prabhat Patnaik, un peu pour contrer le précédent orateur explique qu'il faut sortir de l'erreur qui consisterait à dire que la libéralisation de la spéculation financière c'est mal mais que la libéralisation du commerce serait positive. Ces deux questions sont liées, car la logique de la libéralisation du commerce ne favorise pas l'emploi mais contribue aussi à baisser le niveau de vie des paysans. Nous sommes dans une hégémonie des grandes firmes et dans la minimisation du développement social dans les campagnes. Si on arrive à une situation où l'OMC est bloquée, ils ont aussi trouvé l'alternative de pousser en avant les accords bilatéraux qui entraînent des effets aussi dévastateurs. Il faut résister à la dénationalisation des actifs publics, il faut aussi rompre les liens qu'ils essaient d'établir entre la globalisation et les systèmes de protection sociale. En vérité le Capitalisme est lié à l'Impérialisme : il faut changer la nature de ce pouvoir. Samir Amin, économiste égyptien, parle de l'accumulation du capitale comme un processus à la fois créateur et destructeur. En évoquant l'impérialisme il décrit le processus qui a conduit le monde à voir des impérialismes individuels qui s'affrontaient à cet impérialisme d'aujourd'hui qui est devenu collectif et qui rassemble les plus grandes puissances économiques de la planète (USA+Union Européenne+ Canada...). Cette accumulation du capitale a aussi une dimension destructrice avec l'accroissement des saccages de l'environnement, la stimulation des extrémismes favorisant l'émergence de l'extrême droite, le génocide des personnes... Comment à travers le monde,58 millions de paysans pourraient remplacer 3 milliards de personnes vivants de l'agriculture et qui iraient finir leur vie dans des bidonvilles. C'est inacceptable et nous devons refuser cette dimension destructrice de l'accumulation du capitale. Il faut aussi souligner la dimension politique et militaire de ce processus. Les Etats Unis ne contrôlent pas totalement ce marché global. C'est pourquoi les Etats Unis ont besoin de développer des bases militaires partout dans le monde dans le but de garantir les intérêts des marchés. En Indonésie, un front commun contre le terrorisme n'est point nécessaire mais nous devons nous unir en premier lieu pour la justice sociale. Les Etats Unis de toute façon ont perdu leur hégémonie parce que chez eux la fracture entre riches et pauvres s'accroît . Aujourd'hui le marché global est dominé par un complexe militaro-économique : l'impérialisme. Il faut agir sur la potentialité de la démocratie dans nos sociétés y compris dans les pays à la pointe soi-disant de la démocratie et où beaucoup reste à faire pour faire avancer les droits sociaux. Il faut travailler partout à la démocratisation de la société, lutter pour faire avancer la justice sociale. Trevor Ngwane syndicaliste sud-africain exprime son désappointement face à la politique du gouvernement de Mandela qui a mené des attaques sévères contre le peuple issu de la classe ouvrière. Notre rêve pour l'humanité est qu'il y ait des droits pour tous et pas seulement de la souffrance. Notre ennemi est la classe capitaliste qui contrôle les richesses du monde. Cependant aucune organisation ne doit prendre la direction des affaires mais venir en appui pour lutter contre un système qui met les bénéfices des uns en avant au détriment de la solidarité entre les personnes. Saisissons nous de cet espace du Forum Social Mondial pour que cela devienne un lieu de planification d'actions et de campagnes anti-guerre. Pourquoi ne pas imaginer une grève mondiale qui aurait pu arrêter les munitions en route pour l'Irak. |
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